Baguenaudier

Poète amateur
hésitant randonneur
je muse, je musarde
dans la montagne
vers les sources de la Colombe
dans la Drôme

Au bord du chemin abandonné
un buisson m’interpelle
fleur jaune papillonnante altière
comme un genêt
rameau frais de robinier miniature
et surtout étonnant
flotteur ou bulle végétale
nettement couturée

Et miracle, selon mes flores
il s’appelle en français
baguenaudier arborescent
Et c’est décidé
je baguenaude
sur les pentes
et dans les mots

L’activité puérile
et inutile
consistant à faire éclater
la baguenaude
(rime à chiquenaude)
aurait donné naissance
à ce verbe de flâneur

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Hallier de genêt

Ô papilionacées
aux derniers jours de mai
se pose une floraison d’or
soudaine en bordure du bois

Coup de balai
dans les poussières et vieilleries
qui m’éloignent de la poésie
car de vrai je n’ai
pas encore célébré le genêt
qu’on appelle prosaïquement
broom en anglais
genêt à balais

Savant, Heinrich Friedrich Link le baptisa
mil huit cent vingt-deux cytisus scoparius
Mais Pline ou Virgile appelaient genista
ce bien-aimé des abeilles

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Chêne cherokee

Photo : chêne rouge de La Mennaie, Ploërmel, Morbihan, Yannick Morhan, site Les têtards arboricoles

À Dorceau, dans le Perche
entre le cimetière et l’église
dans la forêt de Bellême
au coin d’un bois
quel est-ce chêne
aux feuilles plus anguleuses
et plus grandes
plus lentes à se décomposer
aux glands plus abondants
dont la cupule est plus courte
le tronc plus lisse
que ceux d’ici ?

Ses couleurs automnales
ont décidé Linné
à le baptiser chêne rouge
dit aussi chêne du Canada
ou d’Amérique, quercus rubra

Quelqu’un au dix-septième
ou dix-huitième siècle
a rapporté des glands d’Amérique
dans une caisse à fond de cale
et bientôt toute l’Europe
a fait pousser des chênes rouges
à la croissance plus rapide
au bois moins solide
si bien qu’on le considère
comme invasif, ici et là Continuer la lecture de « Chêne cherokee »

Printemps de l’aubépine

Au printemps
en même temps
que les ombelles plus discrètes du sureau
aubépine jette sa robe de mariée
ses voiles neigeux, mousseux
immaculés et somptueux
en travers de la haie,
la déborde et l’enjambe

Sa beauté semble jaillie
d’un autre temps
d’un autre espace
d’une flore imaginaire
aubépine, roncenuit,
créprunellule
et l’on veut bien croire
qu’elle est enracinée
dans le pays des fées
que son terreau est le mois de mai
dédié à la vierge Marie
constellation de fleurs à cinq pétales
touchées de rose Continuer la lecture de « Printemps de l’aubépine »

Le chêne de l’énigme

Alors que non loin de la Rouvre
les chênes fleurissent
sans grand tintamarre
je rêve à une énigme
que je ne résoudrai pas

Le secret du chêne rencontre celui des Celtes
dont la religion est surtout connue
par ceux qui les ont colonisés

Maxime de Tyr, Grec du deuxième siècle
sur qui l’on ne sait presque rien
écrit dans sa huitième dissertation
Faut-il représenter les Dieux sous des emblèmes sensibles ?
Κελτοὶ σέβουσιν μὲν Δία,
ἄγαλμα δὲ Διὸς Κελτικὸν ὑψηλὴ δρῦς
que l’on a traduit par
« Les Celtes adorent Jupiter,
et le Jupiter des Celtes est un grand chêne »

Mais Maxime écrit plus précisément
« L’agalma de Zeus est un grand chêne »
Faut-il comprendre « statue  », « offrande »
« emblème » ou « image » ? Continuer la lecture de « Le chêne de l’énigme »

Atelier d’écriture et de création aux Ulis

Participez à l’écriture et à la création des décors du spectacle 88 avenue de la République avec Les Grandes Personnes
📍Ateliers à l’Amicale des locataires, 10 allée Rosalie, 91940 Les Ulis
🕐 14h à 19h (18h le samedi)
GRATUIT et OUVERT à toutes et tous
📅 Vendredi 19 avril, samedi 20 avril, jeudi 9 mai, vendredi 10 mai
Représentation le 7 juin 2024

https://www.facebook.com/events/1120752778969821/1120752788969820

Le Chevalier véridique de retour à Paris

Le samedi 13 avril 2024, de 11h à 13h, je dédicacerai Le Chevalier véridique au Festival du livre de Paris, au stand de l’Algérie.

Pour autant que je sache, ce sera la deuxième occasion de se procurer le livre en France.

Malheureusement, l’entrée est payante. Grand Palais éphémère, 2 place Joffre, Paris 7e.

Tous les détails ci-dessus disent assez éloquemment quel malentendu il y a entre moi et le commerce de littérature.

La photographie est d’Adel Sayah.

La légende des saules du bord de Saône

Maurice Scève poète lyonnais raconte dans Saulsaye, Églogue de la vie solitaire (Lyon, 1547), la légende des saules du bord de Saône, manifestement inspirée par la métamorphose de Daphné dans Ovide, par l’intermédiaire de Jacopo Sannazar. Pourchassées par des satyres, faunes, sylvains et autres chèvre-pieds, les nymphes vont se jeter à l’eau. Pour les sauver, le fleuve, auquel elles donnent le nom antique d’Arar, « avec la barbe, et les cheveux mouillés,/ d’herbe, et de joncs sans ordre entortillés » gonfle et les transforme en bosquet de saules, la Saulsaye ou saussaie du titre. Cela donne l’occasion d’une belle poésie de la métamorphose. En voici le texte quelque peu modernisé pour faciliter la lecture.

Un jour parmi les genêts verts fleuris,
Maints Dieux ensemble, et en ce lieu nourris,
Joints avec eux Satyres demi-chèvres,
Faunes aussi trop plus légers, que lièvres,
Et les Sylvains hideusement cornus,
Et la plupart pour le chaud demi-nus,
Hors de tout hâle étaient tous à l’ombrage
Là, ou la Saône engraisse son rivage, 
Plaisant repos des prochaines forêts 
En maint endroit côtoyant ces marais.

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Un jouvenceau nommé Lierre

Lierre était un jouvenceau auparavant, & danseur de Bacchus : un jour qu’il dansait devant ce dieu, il chut par terre, dont il mourut. Et la terre, à l’honneur de Bacchus, produisit une fleur qui porte le nom du jouvenceau & fit que les germes du jouvenceau soient gardés au germe de la plante. Lequel germe aussitôt qu’il est sorti de terre, il vient à embrasser la vigne, en la manière que le jouvenceau embrassait Bacchus quand il était au bal.

Cassianus Bassus, Les XX Livres de Constantin Cesar, ausquelz sont traictez les bons enseignemens d’Agriculture : traduictz en Francoys par M. Anthoine Pierre, licentié en droict, chez Jehan et Enguilbert de Marnef, 1543.