Alors que non loin de la Rouvre
les chênes fleurissent
sans grand tintamarre
je rêve à une énigme
que je ne résoudrai pas
Le secret du chêne rencontre celui des Celtes
dont la religion est surtout connue
par ceux qui les ont colonisés
Maxime de Tyr, Grec du deuxième siècle
sur qui l’on ne sait presque rien
écrit dans sa huitième dissertation
Faut-il représenter les Dieux sous des emblèmes sensibles ?
Κελτοὶ σέβουσιν μὲν Δία,
ἄγαλμα δὲ Διὸς Κελτικὸν ὑψηλὴ δρῦς
que l’on a traduit par
« Les Celtes adorent Jupiter,
et le Jupiter des Celtes est un grand chêne »
Mais Maxime écrit plus précisément
« L’agalma de Zeus est un grand chêne »
Faut-il comprendre « statue », « offrande »
« emblème » ou « image » ?
Et Jupiter ou Zeus est-il Taranis
porteur de la roue et du foudre
à qui on offrait des têtes coupées
selon un commentateur de Lucain,
jeune poète latin ?
Le chêne était la représentation visible de la divinité
expliquent savamment
Guyonvarc’h et Leroux
À la fin Maxime conclut
qu’il serait déraisonnable
d’empêcher les hommes
de représenter leur Dieu
même si ces images
témoignent surtout de leur impuissance
à penser la divinité
de même que les mots
échouent à rendre le réel
Me voilà guère avancé
comme je l’avais prévu
mais nourri d’histoire
et de rêves
grâce au chêne