Poète amateur
hésitant randonneur
je muse, je musarde
dans la montagne
vers les sources de la Colombe
dans la Drôme
Au bord du chemin abandonné
un buisson m’interpelle
fleur jaune papillonnante altière
comme un genêt
rameau frais de robinier miniature
et surtout étonnant
flotteur ou bulle végétale
nettement couturée
Et miracle, selon mes flores
il s’appelle en français
baguenaudier arborescent
Et c’est décidé
je baguenaude
sur les pentes
et dans les mots
L’activité puérile
et inutile
consistant à faire éclater
la baguenaude
(rime à chiquenaude)
aurait donné naissance
à ce verbe de flâneur
C’est vrai, je vous invite
à perdre votre temps à des bagatelles
à des riens
à prendre des vessies pour des lanternes
avec des mots que j’ai grapillés
dans un herbier
L’espagnol l’appelle espantalobos
« épouvante-loup »
à cause de la détonation qu’il produit ?
Linné, Colutea arborescens
en mille sept cent cinquante trois
Les racines s’accrochent
aux garrigues les plus abruptes
retiennent la terre et y fixent l’azote
Les graines ne germent
qu’abondamment lessivées
et inondées
Toxiques, elles furent employées
comme purgatif, un faux-séné
Surtout, la plante nourrit
un papillon bleu mithridatisé
l’azuré du baguenaudier
sans lequel le monde serait gris