Faut avouer
suis amoureux
d’un buisson
fort percheron
à en croire
l’Atlas des plantes sauvages
de l’Orne
qui peut atteindre
deux ou trois mètres
viorne obier
Viburnum opulus
Je la cherche
et ne la trouve pas souvent
pourtant, comme la poésie, mais
opulente et sauvage
une aube poétique lève
toute blanche
dans la sève
de la vieille langue
Aubour, albor
écrit le Roman d’Énéas
Même famille ancienne et sorcière
que sureau hièble et sureau noir,
viorne mancienne
les adoxacées
ou « sans gloire »
mot qui aiguillonne
à les célébrer
On l’a aussi appelé
sureau des marais
caillebotte, lait caillé
à cause de la blancheur des fleurs ?
Feuille comme du cassis
moins dentelée
souvent comparée
à celle de l’érable
prend à l’automne
des teintes pourpres
et écarlates
assassines
Délicates ombelles
mousseuses et blanches
mariées avec le printemps
offrent couronnes
de grandes fleurs
ceignant d’autres plus petites
sophistication toute naturelle
et rurale
bien plus belles
que le cultivar
« boule de neige »
ou « rose de Gueldre »
des horticulteurs
À l’automne
elles se métamorphosent
en grappes de baies
d’un rouge violent
encore toxiques
avant les gelées
Plus prosaïquement
le vieux et grand
Larousse explique
« Son bois blanc et mou
n’est bon qu’à brûler
mais le charbon peut servir
à faire de la poudre à canon
Ses feuilles sont très recherchées
par les bestiaux, notamment
les chevaux et les cochons »
Mais obier pousse
aussi à l’Est où
on l’appelle kalina
voire kalinka
en ukrainien
Que le printemps
revienne
sur l’Ukraine
gouttes de sang
et larmes de jeune fille
« Ne t’incline pas
viorne rouge
tu as une fleur blanche »