Derechef, feuilleton des bouleaux

Un : prolégomènes forestiers

Au bouleau de nouveau
il y a, je ne dirais plus
du pain sur la planche
(quoique Barthélémy l’Anglais
décrive des hommes sauvages
qui mangent du pain de bouleau
Liber de proprietatibus rerum)
mais tant à raconter
que je crains de perdre le lecteur
dans une forêt russe
une bibliothèque feuillue
plantée de colonnes pâles
comme des fantômes
mais signées de noir

Effeuillons donc un feuilleton
même si, de vrai
je ne sais pas bien
dans quelle taïga nous allons

Deux : préambule couché

En montagne
ou très au nord
au ras du sol
pays des neiges
et nuits sans fin
rampe le bouleau nain
betula nana
près du lichen
écume des rêves
pâture des rennes
guère plus qu’une broussaille
aux feuilles rondes et dentelées

Celui-là n’est pas le bois dont
les Samis font
des tambours prophétiques Continuer la lecture de « Derechef, feuilleton des bouleaux »

Magnolia

Qu’est-ce que le magnolia
vient faire là ?

Ses grandes fleurs blanches
dans un feuillage épais
dur, et presque verni
son tronc pâle et lisse
viennent du Nouveau Monde
« Laurier tulipier » l’ont
appelé les Français
de Basse Louisiane

Sans doute il pousse aussi
dans les Florides
aux frontières
de leur rêve américain

Au village, pourtant
Claude en a un
dans son jardin
Comme Martine et Alain
Magnolia grandiflora
et je les admire
au pays de la Coudre
et de la Même

Le père Charles Plumier
mort d’avoir trop voyagé
l’a dessiné
et baptisé « magnolia »
dans Nova plantarum
americanarum genera
en mil sept cent trois
en hommage à Pierre Magnol
un Provençal, on le devine
directeur du jardin des Plantes
de Montpellier
et auteur de plusieurs traités
de botanique en latin

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