Planté en des lieux
mouillés et froids
spongieux parfois
où nous ne nous installerions pas
le saule inspire
à la vieille Encyclopédie
qui se disait pourtant
« Dictionnaire raisonné »
l’idée médiévale
d’une fraîcheur tellement intense
qu’elle éteindrait les brûlures
et rendrait stérile
voire impuissant
Si le saule est d’une famille
qui s’hybride à plaisir
on n’est pas certain
que les unions avec la mystérieuse fiancée
froide et pâle, à la taille flexible
rencontré sous son ombre
puissent être heureuses ou fécondes
Les vanniers
appellent osier
les rameaux de l’année
qui deviennent paniers
et le saule blanc
donne l’osier vert
L’acide salicylique
jadis unique remède
à mes migraines
tient son nom
de celui, latin, du saule, salix
l’aspirine est dans l’écorce
Printemps, été, automne
en traînant seul
près d’un saule blanc
on jouit d’une ombre
mouchetée de lumière
Feuilles étroites et longues
vert tendre
presque blanches au verso
offrent alternativement
pourvu qu’une brise les agite
l’une et l’autre couleur
Affinités avec le vent
en plus d’une complicité
déjà connue avec l’eau
où volontiers elles se mirent
sur la mare, l’étang, le ruisseau
Mais l’hiver
son tronc tors et noueux
sa trogne de sorcier
hérissée de branches nues
pour un peu nous ferait peur.