Prosopopée du vent dans les branches

Naturellement,
murmurent les arbres
d’un même souffle
nous avons davantage
d’affinités
avec le vent
même si parfois
la tempête nous moissonne
et nous couche
dans nos linceuls de verdure
quand nous soufflons nos pollens
avant l’apparition des feuilles
à perdre haleine
« anémogamie » écrit le botaniste
mariage aérien par les alizés
en grec anemos, en latin anima
souffle de l’âme
notre âme bourdonne dans le vent
nous respirons à son rythme
quand ébouriffés par la rafale
nous montrons les dessous d’argent
ou la moire des feuillages
les peupliers
avez-vous remarqué
frémissent encore
quand l’air est immobile alentour
inventant leur propre zéphyr
pour continuer leur rumeur
de foule maritime
quand nous semons samares ailées
et nervurées à tous les vents
et surtout dansons
corps de ballet
arabesque, grand battement
et d’assomption rêvant
à l’automne dévêtons
parure d’or, de pourpre et d’acajou
stratégie de cerf-volant
lâchant même des rameaux au vent
saule fragile, pour s’enraciner à une autre rive
nefs fixes déployant nos dix mille voiles
vertes et faseyantes
vifs craquements de nos gréements
lors de voyages immobiles au long cours
et nos inclinaisons font une grande prière
sans laquelle le monde étoufferait

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