Une histoire qui me trotte dans la tête depuis longtemps… Il n’y a pas eu de morts lors du mai 68 français répète ce que l’historien Chris Reynolds appelle le convenient consensus, « l’unanimité commode », et on a beau montrer que c’est faux, l’information ne prend pas, ne s’impose pas, ne modifie pas le récit.
Nous, les petits enfants de Tito
Nous, les petits enfants de Tito
Vu le 22 mai 2018 au théâtre de la Reine-Blanche
2 bis Passage Ruelle, 75018 Paris
Avec une efficacité totale et sur un rythme soutenu mais parfaitement maîtrisé, Simon Pitaqaj, seul en scène, bien encadré par un éclairage rigoureux, brasse avec une langue inventive et vivante les clichés sur les gangsters albanais, les vieilles légendes du pays, l’émotion d’un enfant qui le quitte pour découvrir la vie dans la banlieue parisienne. Incarnant avec une énergie qui ne se dément jamais les différents rôles de ce récit autofictionnel, il laisse percer une véritable tendresse pour ses personnages, sans jamais sombrer dans la démagogie. Leur énergie aussi bien que leur sottise rayonnent sur scène.
C’est une histoire de migration, de déplacement, de décalage, dont le moindre ne sera pas le séjour aux sports d’hiver inventé par ces gosses de banlieue, dont l’issue sera dramatique.
C’est ferme, c’est intense.
Publication des ateliers Sapate ou La Vie des objets à Mortagne
Les textes réalisés pendant les ateliers d’écriture Sapate ou La Vie des objets ont trouvé leur place dans le parcours muséal baroque du musée des objets déchus, ouvert jusqu’au samedi 9 juin à la salle des fêtes de Mortagne-au-Perche.
Photographies Jimmy Beunardeau
Paul Lepic à contretemps
Tout petit déjà, Paul était contrariant et entêté, facilement décidé à jeûner plutôt qu’à manger son assiette de soupe. À Paris, Georges Pompidou construisait le centre Beaubourg et les voies sur berge… Vasarely et l’Op Art sur tous les murs. Ailleurs, poussaient les centrales nucléaires. Tout était en place pour aller de l’avant. Le futur devenait automobile, il suffisait d’y monter.
Alors, on ne sait quelle irritation l’a pris, quel besoin précoce de désobéir… Il est soudain parti dans l’autre sens, vers le passé, à contresens, à contretemps. Il a étudié le latin et le grec que l’on commençait déjà à abandonner ; rien ne lui plaisait comme la poussière des vieux livres.
Personne ne le suivait, et cela aurait dû l’inquiéter. Il s’est retrouvé largué, seul dans son canot, dans son château, dans sa tour d’ivoire.
Hécatombe de marronniers

j’ai du mal à m’y intéresser
Comme le platane
j’ai l’impression
qu’il est banalement
planté en rangées ou en allées
par des édiles ou jardiniers
sans imagination
On appelle d’ailleurs « marronnier »
un article de journal
récurrent et peu intéressant
Pourtant le marronnier
triomphant en saison
de fleurs blanches
coniques ou pyramidales
et de grandes feuilles composées
à sept ou cinq folioles
est sans doute le premier arbre
que j’ai appris à reconnaître
même si ses fruits étaient étrangement
homonymes de la grosse châtaigne
cuite ou confite
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Publication des ateliers d’écriture du CLEA Garges-Mitry-Écouen
Un futur d’utopie musicale, écrit pour le spectacle À demain, de la compagnie des Grandes Personnes
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Du 2 au 10 juin 2018, je serai souvent à Mortagne-au-Perche
Cornouillers : Jumeaux de bois et de sang
Buisson ou arbuste
de peu de mine
jadis renommé
depuis oublié
D’ailleurs affublé d’un suffixe
qui dénonce des actions ratées
ou inutiles
Se déploie, le cornouiller
en deux variétés
complémentaires et opposées
comme le fer et le sang
dans un conte
pas pour enfants
L’un, cornouiller sanguin
cornus sanguinea
fleurit blanc
et possède des fruits noirs
immangeables
L’autre, cornouiller mâle
cornus mas
porte fleurs jaunes
puis fruits rouges
cerises oblongues
comestibles
une fois blettes
Ils sont tous deux
dotés de feuilles étranges
dont les nervures
au lieu de diverger
se rabattent vers une pointe
légèrement asymétrique
Au merisier, salut
Une prochaine fois on rimera
Prunus cerasus, le griottier
ou cerisier aigre
l’arbrisseau drageonnant
Aujourd’hui, au merisier, salut
Prunus avium
sauvage de haut fût
cerisier des oiseaux
fruits ailés
écorce de papier
qui se déroule et qui frise
Au printemps neigent dans le sentier
les pétales blancs et délicats
soufflés par la brise
Pour fruit, une idylle étymologique
apprivoisée, savoureuse, la cerise
sauvage, amère, la merise
Il n’y a pas loin d’amer à aimer












