Double rue Lagrange

« Or, l’ombre est en règle générale seulement
quelque chose d’inférieur, de primitif,
d’inadapté et de malencontreux,
mais non d’absolument mauvais. »

C. G. Jung

Faut-il que mon âme erre loin de moi ?
Quoi me reconduit
nuit après nuit
dans les rues
que j’ai hantées
jadis ?

La recherche du carrefour, du pont, de la rue
où soudain mon chemin aurait divergé ?

L’ayant franchi, j’aurais par erreur
sûrement, ou par obstination
dévié, divorcé
pris la mauvaise rue
celle des ombres

Je sors de mon île
par le pont au Double
Naturellement, un être malin
un doppelgänger malfaisant
me remplace
met ses pieds dans mes souliers
grimace à travers mon sourire

Ou un dibbouk s’accroche à moi
s’installe sur mon épaule droite
et me sussurre ses insanités

Deux deniers de péage
pour le traverser naguère
Et dans le tarot
le deux de deniers
est l’arcane
des choix incompatibles

Mais allons de l’avant
personne n’a rien choisi
Tout était déjà écrit

Allons de l’avant
sans laisser l’angoisse
sur nos talons
rattraper
l’un ou l’autre

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L’acacia falsifié

L’acacia m’apprend-on est un faux acacia
Quoi, notre monnaie serait de la fausse monnaie ?
notre prophète, un faux prophète ?
Qu’il est troublant
de voir un arbre plutôt familier
ainsi dénoncé

Le nom acacia pourtant
comme l’arbre, portait épine
signale l’étymologie
du verbe sanskrit
piquer ou percer

Le grammairien Gilles Ménage
pense qu’il vient de Barbarie
et l’appelle acacia robini
acacia de Robin
Robin quoi ?
Robin des bois ?

Carl von Linné
plus avisé
le baptise
robinier faux acacia
mais Robin pourquoi ?

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