Une nuit d’hiver, on se souvient de Valéry Larbaud et d’A. O. Barnabooth

MADAME TUSSAUD’S

Il me semble que toute la sagesse du monde
Est dans les yeux de ces bonshommes en cire.
Je voudrais être enfermé là toute une nuit,
Une nuit d’hiver, par mégarde,
Surtout dans la salle des criminels,
Des bons criminels en cire,
Faces luisantes, yeux ternes, et corps — en quoi ?
Mais, est-ce que ça leur ressemble vraiment ?
Alors pourquoi les a-t-on enfermées, électrocutées ou pendus,
Pendant que leur image muette reste ici ?
Avec des yeux qui ne peuvent pas dire les horreurs souffertes,
Mais qui rencontrent des yeux partout, sans fin, sans fin.
Les ferment-ils au moins la nuit ?

Valéry Larbaud, Les Poésies d’A.O. Barnabooth

Inspirés par les lettres de l’alphabet, quelques petits poèmes prosaïques

D’abord, il aurait voulu être épis de blé, puis faux, puis simplement fil de la faux, soigneusement affûté, et enfin, plus simplement encore, juste l’élan du faucheur, au moment précis où il va laisser la lame retomber : vrai, il ne cesse de changer d’avis.

Lui, toujours dans son dos, comme quelque chose qui le pousse, le bouscule, l’envoie de l’avant, avec malignité. S’il se retourne, rien, personne, tout est droit et plat. Il craint de finir bossu.

Là, l’espace est bizarrement neutre, efféminé mais sans charme : on y est vide, on y est en vacance. Des aspirations contradictoires nous emplissent la poitrine sans nous mener nulle part. On peut y rester longtemps, comme dans des sables mouvants, malgré l’absence des sirènes.
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Du Claudel… L’escargot, vous comprendrez un jour pourquoi

I

Le colimaçon quand on
Lui adresse une critique
Rentre à l’intérieur de son
Système philosophique…

II

Un amant à moitié fou
Pour une femme sans mérite
Criait : « Passion maudite ! »
L’escargot lui dit : « J’m’en fous,
Moi, je suis hermaphrodite ! »

III

Tout au fond de l’escargot vide,
Se trouve un palais splendide,
Orné d’un miroir si petit
Que, pour y voir comme on est mis,
Il faut être une fourmi.

Comme 300 autres menteurs, mendiants et poètes

Comme 300 autres menteurs, mendiants, coupeurs de phrase en quatre, collectionneurs de mots, vedettes de la télévision, héros de la téléréalité, et aussi littérateurs et poètes, je serai à la fête du livre de Lyon, sous un chapiteau planté place Bellecour (les salons du livre ressemblent à des cirques !). Avis à mes amis de Lyon et d’alentour, ce sera les 8 et 9 novembre 2008 !
Notons que je n’y serais pas allé sans les éditions de la Mirandole et sans Jack Chaboud, éminent lyonnais s’il en est.

Feuilles mortes

J’ai oublié de dire que j’étais à Nocé, en octobre, à la fête du livre organisée par l’association Agora, d’intéressants voisins.

Extrait des précieuses Leçons d’apocalypse de Le Sidaner

L’alerte

La télévision avait annoncé l’imminence de l’attaque. Serait-ce une bombe, des bactéries, quelque arme encore inconnue ?
Chacun savait depuis longtemps son rôle. Aussi ne se produit-il aucun trouble lorsque les sirènes avertirent la population de gagner les abris. Elle vécut là de nombreuses semaines au terme desquelles les responsables tentèrent une sortie.
Les examens de l’air, du sol, de l’eau n’ayant rien donné d’alarmant, ils décidèrent le retour à la surface.
À première vue, rien n’avait changé.
Pourtant, chacun était convaincu d’une rupture avec les siècles passés. Cela avait eu lieu, ce moment redouté ne pourrait jamais plus se reproduire. Restait à découvrir en quoi l’apocalypse avait consisté.
Un vieillard se prétendit débarrassé de ses douleurs, une femme stérile donna naissance à des jumeaux. D’autres événements encore donnèrent à penser que la réponse était proche. Il n’en fut rien.
Alors quelqu’un répandit la nouvelle qu’il ne s’était en réalité rien passé.
On s’empressa de le bannir. L’Histoire ne put reprendre ses droits.

J.-M. LE-SIDANER

Un épisode peu connu de la vie du philosophe stoïcien Sénèque

Quand Sénèque était en exil en Corse et qu’il se languissait dans la tour qui domine la vallée de Luri, il descendait parfois au hameau de Sorbu pour courtiser une jeune fille qu’il avait repérée alors qu’elle lavait du linge dans le torrent. Hélas, on a beau être un stoïcien rassis, on n’en est pas moins homme. Les yeux noirs de la belle l’avait ensorcelé. Mais un beau jour, le père de la demoiselle l’a surpris, l’a saisi de son bras noueux et l’a fouetté d’importance avec une poignée d’orties qui poussaient là. Depuis, dans la vallée, on les appelle « herbes à Sénèque ». Il paraît que le philosophe n’est plus redescendu de la tour jusqu’au jour où on l’a rappelé à Rome…

Une fiction uchronique de mauvais goût

Le n° 36 de la belle revue Décapage (qui contient plus de dix pages) accueille une fiction uchronique meurtrière et acide, signée Jean-Baptiste Evette. Intitulée « Mes machines à temps », elle n’hésite pas à convoquer les frère Goncourt, H. G. Wells, Pierre de la Ramée, Max Gallo, Philippe Sollers… et à tuer la plupart d’entre eux. En librairie à partir du 25 septembre.
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