La préface d’Édouard Schaelchli, claire et pédagogique, les textes de Giono savamment choisis et gradués montrent bien quel chemin paradoxal et étroit il faudra suivre pour trouver une issue au labyrinthe dans lequel nous nous sommes enfermés. Rien de moins que de franchir un pont aigu et mince, comme celui de l’épée que passa jadis Lancelot.
Et je trouve admirable de choisir comme guide Giono, qui s’est parfois trompé d’époque et parfois fourvoyé.
Je serai à la Villa Mais d’Ici pour ses dix ans
La Ligne jaune et Ancêtres, créé en atelier, se jouent à Aubervilliers
À paraître
Un film sur La Ligne jaune
Présentation du spectacle La Ligne jaune, un film de Dominique Bonnot avec des étudiants en BTS cinéma du lycée Suger à Saint-Denis. À voir sur le site des Grandes Personnes, de nombreuses dates pour ce spectacle à Aubervilliers, la semaine prochaine.
Les premières lignes de la Villa Mais d’Ici, le livre issu de la résidence à Aubervilliers
Comme la Villa Médicis de Rome, si la Villa Mais d’Ici a un sens, il est sûrement lié à son implantation, à Aubervilliers, non loin du métro Quatre-Chemins, dans une rue qui est à la fois populaire et simplement pauvre, qui est à la fois ordinaire et différente, bref une rue qui mérite au plus haut point notre attention. Georges Perec aurait pu y planter l’un de ses immeubles, ou en faire le décor d’une Tentative d’épuisement d’un lieu.
Les grands bois

Quoique l’on s’y promène, les forêts effraient un peu ; ne serait-ce que par cette habitude des arbres d’accueillir sur les feuilles les gales, sur leur tronc lichen et mousse, dans leur écorce cloportes et compagnie. Si notre épiderme présentait la moindre de ces attaques, comme nous nous ruerions chez le médecin !
Si les arbres parlent, nous ne comprenons pas leur langage ; si nous étions blessés, agonisant, à leurs pieds, ils n’esquisseraient pas un mouvement pour nous secourir.
Tous ensemble, ils brouillent la visibilité, atténuent la lumière, ils sont propices aux embûches et aux embuscades.
La sylve est hantée, elle craque, elle gémit. Elle fait croire à une présence quand il n’y a personne, et dissimule complaisamment le brigand et le loup : elle a toujours des profondeurs auxquelles nous n’accédons pas.
Les bois ont, osons le mot, quelque chose de gothique ; « Grands bois vous m’effrayez comme des cathédrales » écrivit Baudelaire, ils tirent nos regards vers le haut, à donner le torticolis ou le vertige, comme les grandes orgues, mais cachent le ciel.
Y errer seul peut provoquer des accès de panique — du nom d’un étrange dieu grec, seigneur des faunes, des sylvains et des dryades.
Petit dans leur grande ombre, je me souviens des arbres qui détruisirent une légion romaine tout entière en Germanie, qui marchèrent contre une armée au pays de Galles.
La Ligne jaune jouée pour les grévistes de l’usine PSA d’Aulnay-sous-bois en avril 2013
Trois mois de grève, des lettres de licenciement qui tombent comme une mauvaise grêle, et pourtant le public était attentif, sensible et chaleureux. Les grévistes tiennent bon et ne se résolvent pas au silence.
« Nous nous battrons comme des lions. »
La caisse de soutien :
Soutien aux salariés de l’automobile du 93
Spectacle des Grandes Personnes, avec Raphaële Trugnan, secondée par Pauline de Coulhac, avec la participation de Mao Moretti et Jean-Baptiste Evette.
« La rue Galilée », est-ce que c’est bien sérieux ?
La rue Galilée
Pourquoi n’a-t-on jamais chanté
la rue Galilée
La rue Galilée pleine de dahlias
La rue Galilée pleine d’hortensias
La rue Galilée aux nobles frontons
La rue Galilée aimée des piétons
La rue Galilée bordée de canaux
La rue Galilée chérie des autos
La rue Galilée terriblement belle
La rue Galilée qui est vraiment celle
qu’il me faut chanter
en prose et en vers
à tout l’Univers
la rue Croix-Nivert
Raymond Queneau, Courir les rues, 1967.