Écrire simplement
« morelle douce-amère »
c’est déjà un poème
de la famille des volubiles
qui accroche aux arbres
feuilles, fruits et fleurs
simultanément
Tout de suite
amie solitaire, excentrique
de la fraîcheur du sous-bois
et des berges du torrent
robe de feuilles pointues et veloutées
étole de fleurs
violettes et jaunes
de fruits verts puis rouges
miniatures tomates de ciel
toxiques et hallucinantes
Piratant, petite More, elle
les branches des autres
y jetant ses grappins
à l’abordage, pourtant
beauté fragile, précaire
Pas si loin l’été calcine tout
et des forêts brûlent
de l’Ardèche à Brocéliande
Solanum dulcamara
Petite Maure, elle,
on soupçonne
qu’elle ensorcelle
ou empoisonne
car les fruits de sa sœur
mûrissent noirs
Sont-ils mortels
Ô morelle
que diraient
Poe ou Verlaine ?
Tu es d’une lignée
mystérieuse
nourrissante et venimeuse
belle solanacée
Aubergine et belladone
jusquiame et datura
lyciet, mandragore
piment et pétunia
pomme de terre,
tabac et tomate
sont tes cousines
Devinette : qu’est-ce qui est
doux et amer
dans les énigmes d’Aldhelm ?
Nomen est omen
redit Narssius
Le nom est un présage
Morelle douce-amère
mon amie