Un jour, lassé d’être homme, on aspire à quelque chose de moins bavard, de plus charpenté, on veut habiter sous l’écorce, dans les téguments du bois. Montrer visage et tête de bois, déployer force de chêne. Choisir son lieu et s’y ancrer. Accéder à d’autres conciliablules, d’autres mystères par la circulation forte et silencieuse de la sève.
Face au texte : portrait de l’artiste en cochon
Têtards, trognes et trognards
Ces colosses aux tronches burinées et aux membres noueux ont grandi dans les haies, les prés et au bord des étangs. Parfois pieds dans l’eau, parfois racines saillantes, têtards, trognes ou trognards cultivent la largeur plus que la hauteur. Étêtés, mais non dépourvus de visage et d’esprit, ils arborent fièrement les cicatrices des tailles qui ont produit, sans les affaiblir, fagots, piquets, manches d’outil. Trapus et hirsutes, vraiment rustiques, ils sont plus gaulois que français, tant ils ont peu en commun avec la géométrie raffinée des ifs et des buis dans les parcs. Eux, ils sont chênes, charmes, peupliers ou saules, et leurs jardiniers furent paysans.
Retournement
À rester planté au pied des arbres, on éprouve un jour le besoin d’inverser le point de vue et de les regarder de haut, comme ils ont coutume de faire avec nous.
Cette perspective neuve, côté cime, n’a pas vraiment de nom… comment la baptiser ? Aviaire ou oiselière ? Pour considérer le sujet sous cet angle, on doit se tenir ne serait-ce qu’un instant en un point presque inaccessible et hautement inconfortable. Mais si l’on consent à cette acrobatie, en abordant la question à vol d’oiseau, quelle profondeur de vue on gagne ! On apprend la science de répartir le feuillage par rapport au zénith pour jouir plus largement de la caresse du soleil. Comme l’arbre révèle de légèreté ! Sa stratégie, comprend-on grâce à ce retournement, n’est pas seulement ligneuse et branchue, mais aussi mousseuse, empanachée, grêle, aérienne. Tellement plus mouvante ! Alors, l’arbre ressemble à une herbe.
Face au texte : vocations
Construire des cathédrales en allumettes,
Bâtir des passerelles pour enjamber le néant,
Tendre des fils télégraphiques vers l’absence,
Sonder les gouffres.
Tomber de haut.
prose cassée et chiffonnée
Quintessence de fiction (papier chiffonné)
Un concentré de roman
Un jeudi : hommage à Magritte
La trahison des mots :
Ceci n’est pas une phrase.
Les premières lignes de la Villa Mais d’Ici, le livre issu de la résidence à Aubervilliers
Comme la Villa Médicis de Rome, si la Villa Mais d’Ici a un sens, il est sûrement lié à son implantation, à Aubervilliers, non loin du métro Quatre-Chemins, dans une rue qui est à la fois populaire et simplement pauvre, qui est à la fois ordinaire et différente, bref une rue qui mérite au plus haut point notre attention. Georges Perec aurait pu y planter l’un de ses immeubles, ou en faire le décor d’une Tentative d’épuisement d’un lieu.