Cuisinez votre propre langue :dans la chair des voyelles, entre les os des consonnes, levez de beaux filets de langue, dégraissez-les, séchez-les, frottez-les de sel. Puis mangez votre propre langue toute crue, pour qu’elle vous devienne consubstantielle.
Résidence à la Villa Mais d’Ici d’Aubervilliers
Faut-il le dire, de janvier à octobre 2013, je suis accueilli en résidence à Aubervilliers, dans la Villa Mais d’Ici, rue des Cités, sur un financement de la région Ile-de-France.
On m’y trouvera plus facilement le mardi et le mercredi. Au programme, mémoire et transformation de la ville, ateliers d’écriture, réalisation d’un livre sur la Villa et son quartier. Et puis un projet de roman intitulé pour l’instant Leila disparue.

Carte postale issue de la collection des archives municipales d’Aubervilliers.
La résidence sur le site remue.net
La résidence sur le site de la Villa Mais d’Ici
À paraître, c’est promis
À paraître, en février 2014, La Vénus automatique. Ce sera aux éditions Plon, fondées en 1852, la date est opportune.
Roman II, Jacques Roubaud
C’est un autre roman encore, peut-être le même.
Un homme abandonné, à cause d’une mort, reçoit un coup de téléphone. Ce coup de téléphone est un appel d’une femme aimée, et morte.
Il reconnaît sa voix. Elle appelle d’un monde possible, autre, en tout point semblable à celui auquel il est habitué, avec cette seule différence que, dans ce monde, elle n’est pas morte.
Mais que dira-t-il ? Que s’est-il passé dans ce monde-là en trente mois ? Que lui dira-t-elle ? Comment entrerait-il dans ce monde où l’horreur n’a pas eu lieu, ce monde à la mort abolie, où la lutte continue contre la mort, où ils s’obstinent à ce combat qui, ici, dans le monde où il est encore au moment où il décroche l’appareil, a été perdu ?
Il décrochera, et il entendra sa voix. Le monde où il est encore (le téléphone vient de sonner mais il n’a pas encore bougé la main pour répondre) sera oublié.
Jacques Roubaud, Quelque chose noir, Poésies Gallimard.
Avec toute la révérence d’un voleur de trésors.
Je me souviens que je fus invité à La Rochelle
C’était en avril 2012 par l’association larochellivre, et jamais on ne m’avait posé questions si fines et si pertinentes, je m’en souviens aujourd’hui. Il était temps. Et merci encore à Éric et à sa famille.
Pulp français

Je n’ai jamais lu d’aventures du « nyctalope » le héros récurrent de Jean de La Hire, mais mon premier essai de roman s’appelait Le Démon nyctalope.
Douve parle
Quelle parole a surgi près de moi,
Quel cri se fait sur une bouche absente ?
À peine si j’entends crier contre moi,
À peine si je sens ce souffle qui me nomme.
Pourtant ce cri sur moi vient de moi,
Je suis muré dans mon extravagance.
Quelle divine ou quelle étrange voix
Eût consenti d’habiter mon silence ?
Du Mouvement et de l’Immobilité de Douve, Yves Bonnefoy, Poésie/Gallimard.
Le spectacle La Ligne jaune à Paris
Nouvelles représentations de La Ligne jaune les dimanches 11, 18 et 25 novembre à 19 h au Grand Parquet, le jardin d’Éole, 35 rue d’Aubervilliers, 75018 Paris.
Entrée libre, réserver au 01 43 52 19 84.

Le défi farouche d’Armand Robin
LE CHOIX
Dans l’ère de haine et de propagande
Je veux une surface aussi grande.
Je n’ai pas besoin de vent pour élargir mes gestes,
Je n’ai pas besoin d’écho pour ébruiter mes cris.
C’est par leur vérité que mes mots seront énergie.
Je veux qu’on me soupçonne, qu’on me calomnie ;
Je veux sur moi le poids de toute tyrannie.
… …
J’ai choisi, pour me bâtir, d’être partout détruit.
J’ai choisi de n’avoir pas de lit,
De n’avoir aucun sommeil dans aucune nuit…
Armand Robin, Ma vie sans moi, Poésie/Gallimard
Lignée II

Les arbres, certains confient aux vents de petits aérostats qui emportent chacun une graine dans les tourbillons. Quand la saison est là, érables, tilleuls, frênes ou charmes lancent dans la bourrasque, de toute leur hauteur, ces samares, appareils légers qui doivent emporter leur lignée en des terrains qui lui seraient inaccessibles autrement.

Et volent de singuliers papillons, aux ailes vert pâle, brunes ou acajou, plissés et dissymétriques, lestés pour mieux tournoyer sur eux-mêmes, dont un grand nombre se perd en des lieux stériles.
Confier à la rafale le soin de sa descendance, voilà des façons bien étranges.

Et puis on se rappelle la belle réclame gaufrée que portaient les épais dictionnaires Larousse : « Je sème à tout vent. ». De vrai, où atterrissent les mots lâchés sur la page ? Germent-ils jamais ?

