Quelques vers de « Zone » d’Apollinaire et tout est là…

Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à vingt-cinq centimes pleines d’aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers

J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J’aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes

Voilà la jeune rue et tu n’es encore qu’un petit enfant
Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc
Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize
Vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Église
Il est neuf heures le gaz est baissé tout bleu vous sortez du dortoir en cachette
Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège

Monts et Merveilles, fort de Stains, Garges-lès-Gonesse

Fruit d’un atelier d’écriture mené avec quelques habitantes de Garges, grâce à la compagnie les Grandes Personnes, un étonnant spectacle déambulatoire s’est donné le 30 août 2014. Ce collage de séquences en illustre quelques moments.

Face au texte : portrait de l’artiste en cochon

Quant à moi, ai-je pensé, je brouillonne, je bâcle, je cochonne, je sabote, je gâche, tandis qu’un écrivain expliquait à la radio à quel point il avait le souci du travail bien fait et de la phrase soigneusement polie.

Têtards, trognes et trognards

Ces colosses aux tronches burinées et aux membres noueux ont grandi dans les haies, les prés et au bord des étangs. Parfois pieds dans l’eau, parfois racines saillantes, têtards, trognes ou trognards cultivent la largeur plus que la hauteur. Étêtés, mais non dépourvus de visage et d’esprit, ils arborent fièrement les cicatrices des tailles qui ont produit, sans les affaiblir, fagots, piquets, manches d’outil. Trapus et hirsutes, vraiment rustiques, ils sont plus gaulois que français, tant ils ont peu en commun avec la géométrie raffinée des ifs et des buis dans les parcs. Eux, ils sont chênes, charmes, peupliers ou saules, et leurs jardiniers furent paysans.

Au château de Chamarande, dans l’Essonne

J’ai été invité à parler de Tuer Napoléon III par Emmmanuel Couly, dans le cadre de l’émission « Une ville des livres », au château de Chamarande dans l’Essonne. C’était la propriété de Persigny, un temps ministre de l’Intérieur de l’usurpateur. Vingt-cinq minutes pour parler d’un livre, c’est un luxe rare, j’imagine, même si je connais mal la télévision.

Création, premières représentations de La Bascule, spectacle sur la dernière décennie de la peine de mort en France

Par la compagnie les Grandes Personnes

Avant première à la Villa Mais d’Ici, 77 rue des Cités à Aubervilliers, le 25 mai à 16h

Festival Les Nocturbaines à Paris 75020 le 31 mai à 15 h 45 et le 1er juin à 14 h 30
Festival Parade(s) à Nanterre les 7 et 8 juin
Festival les Petits Pois à Clamart le 14 juin, 15 h 30 et 19 h 30
Festival Coulée Douce à Paris 75012 le 15 juin, 15 h 05 et 17 h 30
Festival de l’Oh ! à Paris, escale de Bercy les 28 et 29 juin 
Festival Chalon dans la Rue du 24 au 27 juillet 
Festival Cergy Soit à Cergy Prefecture les 12, 13 et 14 septembre

La déposition des témoins, avec Benoît Hamelin. Photo Camille Sarret

Retournement

À rester planté au pied des arbres, on éprouve un jour le besoin d’inverser le point de vue et de les regarder de haut, comme ils ont coutume de faire avec nous.

Cette perspective neuve, côté cime, n’a pas vraiment de nom… comment la baptiser ? Aviaire ou oiselière ? Pour considérer le sujet sous cet angle, on doit se tenir ne serait-ce qu’un instant en un point presque inaccessible et hautement inconfortable. Mais si l’on consent à cette acrobatie, en abordant la question à vol d’oiseau, quelle profondeur de vue on gagne ! On apprend la science de répartir le feuillage par rapport au zénith pour jouir plus largement de la caresse du soleil. Comme l’arbre révèle de légèreté ! Sa stratégie, comprend-on grâce à ce retournement, n’est pas seulement ligneuse et branchue, mais aussi mousseuse, empanachée, grêle, aérienne. Tellement plus mouvante ! Alors, l’arbre ressemble à une herbe.