À partir de la fin du 19e siècle, des immigrés espagnols se sont installés dans la Plaine-Saint-Denis pour travailler dans l’industrie, chez Saint- Gobain, à la tréfilerie Mouton, fabricant de fils de fer, ou aux verreries Legras.
Chez ces mêmes verreries Legras, au début du 20e siècle la police a trouvé des enfants de moins de treize ans employés comme ouvriers, alors que c’était déjà interdit. Ils étaient revendus par des trafiquants de chair humaine qui les achetaient à leurs parents en Espagne. Continuer la lecture de « La Petite Espagne, l’Internationale lettriste, la dérive psychogéographique et les mégapneumes »
« Ferai des vers de pur néant », sixains de Guillaume IX d’Aquitaine (1071-1127)
Ferai des vers de pur néant :
Ne sera de moi ni d’autres gens,
Ne sera d’amour ni de jeunesse,
Ni de rien d’autre.
Les ai trouvés en somnolant –
Sur un cheval !
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Carl von Linné et l’amour
Né en dix-sept cent sept, Carl Nilsson
fut rebaptisé Carl Linnæus
puis encore Carolus Linnæus
(forme latinisée
d’un vieux suédois linn
à cause d’un tilleul
du domaine familial)
Une fois anobli en
Carl von Linné
il pouvait bien
s’interroger
sur le véritable
nom des choses
et tenter d’établir
une nomenclature
du monde
Systema Naturæ
S’étonnera-t-on
que son classement
assemble
deux noms
qu’il soit binominal
et latinisé
Le tilleul c’est tillia europaea
genre en premier
espèce en second
Pourtant, Carl Linnæus
ton nom est construit
dans l’autre sens
individu d’abord
groupe ensuite
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Un modeste essai de sorcellerie pour le diplôme de « grand médium voyant satisfait ou remboursé »
Fusain « le bien nommé » ?
Bois dur et cassant
d’un grain fin et serré
son architecture torse
et désordonnée
s’emmêle volontiers
aux autres branches
Cannelures sur l’écorce
même sans espoir
d’être le plus haut
il jaillit, s’élance,
véritable fusée de bois
Avec ses feuilles lancéolées
asymétriques en leur extrémité
rougeoyantes en automne
comprend-on pourquoi
il a été baptisé
par Carl von Linné
Euonymus, c’est-à-dire
le bien-nommé ?
Mes écritures à la rue

À DEMAIN (première époque)
Paris / 31 mai, 1er Juin, 16 juin
À demain ouvre une brèche vers des futurs positifs. Un acteur porte une boîte surprenante et propose aux passants d’assister en une à deux minutes à l’éclosion quasi magique d’un futur sans zombie, ni société totalitaire ou catastrophe écologique. Le dispositif d’ensemble comprend plusieurs boîtes, et autant de futurs possibles, réalisés par des plasticiens, écrits poétiquement.
Festival Onze Bouge
Mercredi 31 mai
> 17h à 18h30 autour de la place Léon Blum, Paris 11e
> 20h à 20h30 devant le Théâtre Déjazet 41, boulevard du Temple, Paris 3e
Jeudi 1er juin
> 17h à 18h30 autour de la place Léon Blum, Paris 11e
> 20h à 20h30 devant la Salle Olympe de Gouges 15, rue Merlin, Paris 11e
Les Nocturbaines
Vendredi 16 juin
> 16h30 à 17h30 sur et autour de la place de la Réunion, Paris 20e
> 18h30 à 19h au square Casque d’Or (derrière la place de la réunion), Paris 20e
Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, les Ateliers Frappaz – CNAREP Villeurbanne, le Moulin Fondu – CNAREP Noisy-le-Sec et la Villa Mais d’Ici
ANCÊTRES À ORLY
Orly (92) / 3 et 4 juin
Le spectacle participatif Ancêtres retrace les aventures qui ont fini par réunir nos aïeux depuis leurs diverses régions ou pays d’origine. Mêlant scènes du quotidien et aventures, le récit repose sur des figurines articulées, sculptées par les participants. Tenant à la fois de la poupée, de la marionnette et de la statuette, elles racontent l’exil, la résistance, l’amour et surtout matérialisent le lien mystérieux et invisible que chacun de nous entretient avec ses ancêtres.
Festival Orly en Fête Parc Méliès, Orly (92)
Samedi 3 juin > 15h, 16h, 18h, 19h
Dimanche 4 juin > 14h, 15h, 17h, 18h
Durée du spectacle : 40 min environ
Rondeau du bouleau
Le bouleau, son nom latin betula viendrait du celte ?
Pour Pline l’Ancien, c’était un arbre très blanc de la Gaule
Barbare et chevelue, poussant là-bas, au bord de l’eau
En pays froid, vaste, lugubre et continental
Collage littéraire et théâtral au manoir de Courboyer, le 20 mai
Vie et aventures de Valentin L***

J’ai plusieurs fois rencontré dans l’Orne de vieux paysans dont la dignité, la pudeur et l’ironie me faisaient irrésistiblement penser aux lords anglais des romans de ma jeunesse. Valentin L*** était l’un d’entre eux. Un jour, il m’a raconté sa vie pour que je la note, parce qu’il craignait que ses arrière-petits-enfants n’en sachent rien. Le récit a été transmis, en voici une version légèrement modifiée.
Fils de Gaston et Lucille L***, issu d’une famille installée depuis très longtemps dans les environs de L*** (Orne), Valentin était un petit garçon tout blond. Ses parents se sont séparés quand il avait deux ans et demi, ce qui était peu courant à l’époque, et le tribunal a décidé qu’il vivrait chez son père. Celui-ci l’a confié à un couple de cousins, Gustave et Juliette D***, qui habitaient une modeste ferme en campagne, près de L***. Si Valentin voyait assez souvent son père qui habitait les environs, il voyait moins sa mère, qui avait déménagé du côté de L’Aigle. Au bout d’un temps, les D***, qui n’avaient pas d’autre enfant, ont fini par l’adopter. Pour aller à l’école, il faisait trois kilomètres à travers champs, jusqu’au village. En hiver, il apportait une bûche pour le poêle à bois qui chauffait la classe, tenue par l’instituteur M. Hocet. L’école de garçons comportait quarante-cinq élèves, l’école de filles à peu près autant. Une bêtise dont il se souvient : un jour, il a grimpé à un arbre pour voler des cerises. Avec des camarades, il jouait à attraper des hannetons, à les attacher par une patte à bâton et à les faire tourner. Continuer la lecture de « Vie et aventures de Valentin L*** »
Un futur d’utopie politique, écrit pour le spectacle À demain, de la compagnie des Grandes Personnes
Dans ce futur-ci, tout le monde a lu le Discours de la servitude volontaire qu’Étienne de la Boétie a écrit à dix-huit ans et en a compris la substance. Rien ne se faisait sans notre assentiment, sans notre passivité. Nous avons servi dans les armées du tyran qui nous opprimait. Nous avons confié notre argent aux banques qui nous ruinaient. Nous avons acheté les produits qui nous empoisonnaient. Nous avons payé les gardiens qui nous surveillaient Nous avons baillé devant nos propres miroirs à alouettes. Nous étions sans cesse complices du crime qui nous tuait, geôliers de la prison qui nous enfermait, agents de la domination qui nous accablait. Nous nous sommes réduits en esclavage, nous nous sommes colonisés nous-mêmes.
Pourtant la solution était simple, elle dormait à portée de la main. Il suffisait de se retirer de ce jeu, de ne plus le cautionner, de ne plus le nourrir, nous qui en étions le socle. « Alors ce grand colosse dont on avait brisé la base, a fondu sous son propre poids et s’est effondré. »

