Marsault

Mars, oh, c’est le printemps
et chatons de saule dans le vent
Marceau, jeune général plein d’allant
de la République naissante
Marceau, qu’est-ce que tu mimes
Marsaut, marsault, réponds-moi
Je ne peux converser avec toi
si tu joues à cache-cache

Tu diffères par tes feuilles ovales
souvent tordues à la pointe
veloutées par en dessous
tes racines qui n’aiment pas l’eau
mais peuvent retenir la pente
ton bois plus cassant
et on te vanne surtout en montagne

Saule Marsault, deux fois saule
avec un nom qui vient du latin
étymologiquement mar salix, « saule mâle »
dans la biologie imaginaire des Anciens
alors que tu es l’un ou l’autre

Marsault, ton charbon
pour la poudre à canon
tes branches pour cercler
les tonneaux ou fabriquer
flotteurs de filets de pêche
ton écorce pour tanner
tes fleurs pour fêter Pâques
tes rameaux pâture d’hiver
des vaches, chevaux, chèvres

Trentième espèce du genre
chez Carl von Linné
Salix caprea, saule aux chèvres
comme elles, rustique et tenace
j’aimerais bien être ton ami

Ta floraison précoce
nourrit lépidoptères
paon-de-jour, Robert-le-Diable
petite-tortue, vulcain, mars changeant
plus véridiquement arbre à papillons
que le buddleia de David
et les abeilles en font un miel
qu’apprécient les fabricants
de pain d’épice de Reims

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