Un poème à construire vous-même

Illustration : Cabane de sapin recyclé, agence d’architecture UMA

J’apporte un rameau
J’apporte un rameau
et il serait bien que vous lisiez
ces trois phrases de Jon Fosse

Une : Écrire est comme construire
une cabane de feuilles en forêt
quand on est enfant

Deux : On se glisse à l’intérieur
on allume une bougie
et on se sent protégé

Trois : Je continue à écrire
depuis cette cabane intérieure

Cabane d’écriture intérieure
cabane de feuilles en forêt
seul lieu où se sentir en paix
où paresser comme un poète
à l’abri, à l’affût
plus gloriette que glorieuse

Et soudain toute ma poésie
se resserre en un mot
unique et saturé de signification
graine, germe, bulle, coquille de poème

Un mot paraît
et tout est dit : LOGE
— abri de branchages, des feuillages
lui donne comme sens premier
mon dictionnaire
C’est là qu’elle se loge

Loge d’un animal, d’un anachorète
d’un lépreux

Apporterez-vous votre rameau ?
J’apporte le mien, c’est « loge »
une loge de verdure pour la paix
une baraque de bois vivant
de saule et de charme

J’apporte un rameau
j’apporte une plume
c’est « encombre »
— un embâcle, un abattis d’arbres vifs
selon l’étymologie
qui barre le chemin
et obstrue la rivière
pour retenir l’eau noire du sens

En creusant la langue
on retourne aux sources
et on retrouve entre les feuilles
le bois et l’eau

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