Le temps des lilas

Maintenant que nous entrons
dans les frimas
et qu’un vampire médiocre
m’a privé de l’odorat
est-ce le bon moment
pour parler du lilas ?

Voisin plutôt calme
vêtu d’un imper
vert sombre
on tend à ne remarquer
cet arbuste discret
qu’au printemps
quand il se pare de thyrses
embaumés et fleuris

« Ses belles et grandes fleurs
de couleur grix violent,
sentans bon,
parent longuement le jardin »
écrit l’ami Olivier de Serres
en son Théâtre d’agriculture

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Mûrier blanc

Ce n’est pas un Maure blanc
morus alba
mais l’arbre le plus exotique
d’une enfance
à dévaler l’été
les chemins caillouteux
ivre d’une liberté
inconnue dans nos villes

Toujours un arrêt
à l’ombre dense
sous le feuillage épais
d’un arbre trapu et courtaud
taillé en têtard ou cabasso
que je savais étranger

Le mûrier blanc
gorgé de sucre à l’été,
bonbons spontanés
arbre de cocagne
tachait le sol d’écarlate ou de pourpre
fruits rouges ou blancs saturés de chaleur
de guêpes et de bourdonnements
que personne ne se mêlait de manger
sauf les insectes, les oiseaux et nous

Le gentilhomme ardéchois
et résolument huguenot
écrivain d’antan
dont je fréquente souvent
le Théâtre d’agriculture
Olivier de Serres
acteur important
de son histoire
critique « la fade douceur » du fruit
et le réserve aux « femmes dégoûtées
enfants et pauvres gens
en temps de famine »

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