Non que je connaisse Henri Pichette, ni que je sache ce que sont des akènes, mais tout de même

Là je revêts l’arbre dont le nom change de feuilles, désormais une place dans le fort du cœur parmi les cercles de l’aubier… le vent dont je suis ivre sans que le pied me bouge… ô l’idée que je me fais des concentrations de passereaux, l’idée à rendre par les fruits:  ! Tout l’instant me déchaînera, je pense à des crépitades printanières, à des crises de résine, à des folies d’akènes… chaque nuage épluché… je veille au grain, ma mémoire sent sa première pluie. On m’ausculte, ainsi le pivert. Certains respirent dans mon armure de lichen. Au creux de moi repose l’oiseau de nuit à trois paupières.
— Au point du joue, les larmes de l’aiguail. Par brume, un décousu de rêves comme les filandres… — Et autant de planches d’appel que de branches : je délègue des ailes. Je passe de verdoyance à mordorure en me jouant. S’il y a un nouveau monde, c’est celui-là et je ne suis, bonheur vertical, pas autre chose ! l’arbre ! l’arbre, hors de la terre, et ses tons de quête.

Henri Pichette Les Épiphanies, nrf Poésie/Gallimard.

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