LES ATELIERS ANCÊTRES

La photo de couverture est de Suzane Brun

En ce moment, je suis très occupé par les ateliers Ancêtres, un projet inventé par mon frère Christophe Evette pour la compagnie les Grandes Personnes, dont j’anime l’écriture, souvent en recueillant paroles et témoignages, depuis 2012. Ces ateliers sont toujours gratuits pour les participants.

Le projet Ancêtres

Les projets « Ancêtres » des Grandes Personnes réfléchissent à la relation mystérieuse que nous entretenons chacun avec nos aïeux. Depuis le premier opus en 2012, à Grahamstown en Afrique du Sud, ce sont près de soixante-dix récits qui ont été écrits, sculptés, joués par les participants, avec notre soutien, et parfois photographiés ou filmés. Les participants sont associés à toutes les étapes de la création. Les drames ne sont pas esquivés, mais adoucis par la médiation des statuettes. Parmi de nombreux intervenants, Christophe Evette a inventé le concept et assuré la direction artistique ; les sculptures doivent beaucoup au talent des plasticiens Yabako Konate, Fleur Marie Fuentes, Sigolène de Chassy, aux inventions de Maurizio Moretti et de Nicolas Vuiller. Les ateliers d’écriture ont été animés par Jean-Baptiste Evette. Les comédiens Pauline de Coulhac, Évelyne Fagnen, Benoît Hamelin, Maximilien Neuhjar, Pascale Oudot, Sévane Sybesma, Raphaële Trugnan ont donné vie aux scènes. 

Ancestors in Grahamstown, 2012

Le premier atelier Ancêtres s’est tenu au festival international des arts de Grahamstown, en Afrique du Sud, avec le soutien de l’Institut français et de Laurent Clavel. Les talents musicaux et chorégraphiques des participants ont contribué à la résolution théâtrale des rivalités mémorielles dans des communautés encore marquées par le souvenir de l’apartheid.

Photo Hannah Paton : En Afrique du Sud, les histoires d’amour étaient compliquées par la volonté des parents. Faute de bonheur conjugal, on devenait parfois guérisseur pour atténuer le malheur des autres.

Ancêtres à Aubervilliers, 2013

Les ateliers menés au théâtre de la Commune à Aubervilliers avec des primo-arrivants de l’Association Solidarité Emploi d’Aubervilliers (ASEA) et des résidents du nord de la région parisienne ont abordé des sujets très divers, le mariage, l’enfantement, les amours contrariées, la colonisation, l’exode vers les villes. Et l’on s’est très vite aperçu que les ancêtres choisis ont transgressé à un moment clé de leur vie les normes sociales en vigueur dans leur région, ce qui les a transformés en voyageurs et en fondateurs.

Photo Sophie Madigand : En Kabylie, la petite Yamina a été mariée trop jeune à un riche voisin.

Ancêtres à Bagneux, 2015

Issu d’un atelier participatif, comportant écriture, sculpture et jeu théâtral, Ancêtres à Bagneux s’est construit sur plusieurs mois à l’espace Senior et à la médiathèque, avec des participants jeunes et moins jeunes, dont le groupe a raconté les aventures qui ont conduit leurs ancêtres à Bagneux, depuis la Sicile, l’Arménie, le Pas-de-Calais ou la Sarthe. Personne n’a oublié les enfances difficiles ou douloureuses racontées, ni les coquelicots du mont Ararat.

Photo LGP : Le papa d’Andrée-Anne a fait de la Résistance avec le colonel Rol-Tanguy.

Ancêtres à Nanterre, 2016

Construit lors d’un atelier collaboratif au centre social Parc-en-Ciel, pour le festival Parade(s), Ancêtres à Nanterre s’organisait sur un parcours suivant l’exode des Français de 1940, l’exil des Algériens fuyant la décennie noire, les séparations provoquées par l’éloignement. Il déplaçait le spectateur vers d’autres époques et d’autres lieux, la Normandie pendant l’Occupation, la Charente Maritime dans les années 1970, Bejaïa pendant la guerre d’Algérie, et le conduisait à la rencontre du passé des autres.

Photo Hannah Paton : On parlait de sept sœurs, à Béjaïa ou bien en Italie.

Ancêtres à Orly, 2017

Après avoir recueilli plus de cinquante récits sur les ancêtres auprès des étudiants et de bénévoles de l’association Lire pour vivre, puis des clients du foyer restaurant Neruda, et enfin des habitants de la résidence Méliès, l’atelier s’est concentré sur une dizaine de ces histoires dont les personnages ont été sculpté s. Le spectacle proposait dans l’ensemble des scènes et des souvenirs plus quotidiens, plus universels, sans rien perdre de sa pertinence.

Photo Joao Bulcao : Le cordonnier rapportait du travail à la maison, même le dimanche.

Ancêtres au Bourget, 2019-2020

Ancêtres au Bourget, commencé en 2019, avec des habitants du Bourget, dont les résidents de deux EHPAD, a suscité de belles rencontres et dix-neuf récits irremplaçables où les histoires de la Résistance cohabitent avec des souvenirs d’enfance. L’atelier a été frappé par la crise du Covid 19 et endeuillé par plusieurs décès. L’exposition et les films réalisés ont aussi rendu hommage à ceux qui ont disparu.

Photo Suzane Brun : Bientôt, Valériaud, hussard de la Liberté, brandira son sabre.

Le projet De qui es-tu ?

Pour les budgets ou les calendriers plus serrés, nous avons également développé une forme plus légère du projet, baptisé De qui es-tu ?

De qui es-tu ?  à la Courneuve, 2017

C’était la première fois qu’un groupe d’adolescents participait à un atelier Ancêtres, et le résultat plastique présente un caractère plus brut qui tranche avec l’esthétique soignée des autres opus. En quelques semaines, dix-sept élèves de troisième du collège Jean-Vilar ont raconté l’histoire de leurs aïeux réels ou imaginaires, avant de les sculpter et de les présenter devant la caméra.

Photo Joao Luis Bulcao

De qui es-tu ? à Trun,  2022

Au collège André-Malraux de Trun, dans l’Orne (61), du 11 au 15 avril 2022, avec le concours de l’association Festiv’Art productions de Swannie Vincendon, il a beaucoup été question de bombardements, Trun se trouvant dans la poche de Falaise, où il y a eu de nombreux villages et villes martyrs de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi sans doute à cause de l’actualité en Ukraine.

Photo Julie Bossard