Retournement

À rester planté au pied des arbres, on éprouve un jour le besoin d’inverser le point de vue et de les regarder de haut, comme ils ont coutume de faire avec nous.

Cette perspective neuve, côté cime, n’a pas vraiment de nom… comment la baptiser ? Aviaire ou oiselière ? Pour considérer le sujet sous cet angle, on doit se tenir ne serait-ce qu’un instant en un point presque inaccessible et hautement inconfortable. Mais si l’on consent à cette acrobatie, en abordant la question à vol d’oiseau, quelle profondeur de vue on gagne ! On apprend la science de répartir le feuillage par rapport au zénith pour jouir plus largement de la caresse du soleil. Comme l’arbre révèle de légèreté ! Sa stratégie, comprend-on grâce à ce retournement, n’est pas seulement ligneuse et branchue, mais aussi mousseuse, empanachée, grêle, aérienne. Tellement plus mouvante ! Alors, l’arbre ressemble à une herbe.