Le pays de l’alisier blanc

Montant au col de Beauvoisin
en vue de la croix de Justin
autre pays des merveilles
essoufflé mais les yeux grand ouverts
sur une pente buissonneuse
j’ai aimé
l’allant de jeunes arbres
l’élan vigoureux et désordonné
de leur tronc mince
gris, tacheté
moins appesanti
que moi par la gravité

Comment ne pas admirer
leurs faisceaux de fruits
verts, orange ou rouges
selon leur maturité
et surtout la danse changeante
de leurs feuilles gauffrées
argentées au verso ?

J’ignorais leur nom
peut-être un sorbus
genre fourre-tout
ou un prunus inconnu ?

En descendant,
j’en ai remarqué d’autres
leurs aînés
plus hauts et plus anciens

Vérification faite
on les nomme « alisiers blancs »
Blancs à cause de la couleur
printanière de leurs fleurs ?
Sorbus aria
Leurs fruits, des alises
parfois écrites alizes
mot peut-être gaulois

Ces noms me plaisent
ils soufflent un vent immémorial
chantent la musique de l’air
et une fillette
de l’autre côté du miroir
en sa robe blanche

Au nord, on les appelle alouchiers
et leurs fruits des alouches
cela paraît moins élégant
mais plus familier
comme si on les fréquentait
de plus près

Parce que leurs fruits séchés
et moulus pouvaient être
mélangés à la farine
pour faire du pain ?

En tous cas on les cueille
après la première gelée
comme beaucoup d’autre fruits
glanés dans la haie
et ils restent âpres

Les alisiers au bois dur
croissent loin des alizés
plutôt dans le mistral
Certains arbres sûrement
ont un vent favori
partenaire de leur danse mystérieuse
Ceux-ci n’aiment pas le noroît

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